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Le roi Très Chrétien et le Grand Turc : la "mala openione" de François Ier dans la correspondance de Pierre Arétin

Valeria Allaire

Valeria Allaire, Le roi Très Chrétien et le Grand Turc : la mala openione de François Ier dans la correspondance de Pierre Arétin, Histoire culturelle de l’Europe, 1, 2016

Extrait de l’article

Jeune, beau, ami des arts et des lettres, protecteur des humanistes, telle est l’image que les historiens nous transmettent de François Ier. Tout d’abord, ce roi jouit du privilège d’être désigné par le titre de roi « Très Chrétien ». Cette appellation était jadis attribuée par le pape à titre individuel ; ce ne fut qu’à la fin du XIVe siècle qu’elle fut octroyée au seul souverain de France, car son peuple était comparé à celui d’Israël et son royaume était considéré comme une terre de saints, de martyrs et de reliques. De surcroît, François Ier est perçu comme un roi mécène car il aime s’entourer de grands artistes. Dès l’année qui suit son sacre, il invite à sa cour le grand Léonard De Vinci. En 1530, c’est au tour de Rosso Fiorentino, qui marquera de son empreinte la première école de Fontainebleau, avec le Primatice, son adjoint et rival affiché. L’autobiographie de Benvenuto Cellini, qui vécut en France pendant de longues années, nous donne un aperçu du mécénat de « ce grand roi François en toutes ses choses si libéral ». François Ier est aussi le protecteur des lettres : Jules de Médicis, le personnage du Livre du Courtisan, célébrait déjà les vertus de monseigneur d’Angoulême, lequel, s’il succédait au trône de France, ferait fleurir la gloire des lettres comme celle des armes. De fait, durant son règne le roi fait venir à Paris « toutes les bonnes lettres qui commencent aultant à floryr en France ».

Pourquoi, alors, parler de légende noire à propos d’un roi si libéral, magnanime et protecteur des arts? Tout d’abord, la « fureur française » avait semé la terreur dans la Péninsule durant la première guerre d’Italie. Face à la stratégie défensive des Italiens, qui consistait à négocier avec l’ennemi, à le ralentir et à l’affaiblir, Charles VIII avait produit en 1494 une armée de trente mille hommes et avait refusé toute tractation, optant pour une guerre courte et violente. La petite ville de Mordano avait été le théâtre d’un épisode emblématique de la brutalité des Français : hommes, femmes et enfants avaient été trucidés et les soldats revinrent infliger le coup de grâce aux blessés pour ne laisser aucun survivant.

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