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Saint-Simon diplomate

François-Marcel Plaisant

Plaisant, François-Marcel, "Saint-Simon diplomate", Cahiers Saint-Simon, n° 16, 1988 (Ambassades et visites d’Etat saint-simoniennes), p. 7-29.

Extrait de l’article

INTRODUCTION

Saint-Simon diplomate ? On pense aussitôt à l’ambassade en Espagne et les beaux esprits se gaussent : ambassade de pure cérémonie, le duc féru d’étiquette était bien à son affaire ! Nous en reparlerons. Disons seulement que si notre auteur avait eu, ô horreur, à remplir un formulaire où indiquer sa profession, c’est sans doute celle de diplomate qui aurait le mieux convenu, plus que celles de militaire, de généalogiste ou d’historien : c’est en cette qualité qu’il a le mieux fait son devoir de pair, bien servi le roi dans les affaires intéressant sa couronne. Mais il n’aurait pas employé ce mot de diplomate, qui n’existait pas en ce sens à l’époque et qui fait du titre même de cet article un franc anachronisme. Le terme n’est pas encore usité au XVIIe siècle pour désigner les gens qui font état de traiter les affaires étrangères. Ils sont là pourtant, il font carrière à l’étranger et même dans les bureaux de Versailles. Mais ils ne forment ni corps ni profession. Saint-Simon écrit négociateur, envoyé, ministre, ambassadeur : il connaît aussi des commis et des «chefs de bureaux ». La première série de vocabulaire même désigne plutôt ceux qui servent dans les cours étrangères et Saint-Simon n’aurait sans doute pas reconnu la qualité de diplomate à ce Pecquet dont il dit lui-même qu’il faisait tout le travail sous Torcy. A côté des « envoyés » qui allaient sur le terrain sous des titres divers, et même sans titre aucun, il y avait donc déjà une tâche d’administration centrale, de «cabinet » pour employer un mot du temps. Refuser à ceux qui s’en acquittaient le titre de diplomate, ce serait le refuser à Richelieu, à Mazarin, à Torcy. Entendons bien que ce terme de cabinet est plutôt à prendre au sens de nos cabinets ministériels. Il ne doit pas induire de confusion avec la diplomatie en chambre que menaient déjà ceux que l’on appelle aujourd’hui des « observateurs » et que Bossuet désigne du joli mot de « politiques spéculatifs » : travail d’historien, de publiciste ou d’essayiste, non de diplomate puisqu’il ne comporte pas d’action.

Observateur diplomatique, ce fut l’une des nombreuses occupations de Saint-Simon pendant les années passées à la Cour entre la fin de sa carrière militaire et la mort du Roi, dans l’oisiveté où Louis condamnait ses courtisans. Années d’études, d’entretiens, de réflexion, de rédaction aussi, années fructueuses puisque dès 1706 on pensait à lui pour la plus prestigieuse des ambassades. Mais années d’inaction.

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