Casanova et le nom « Seingalt »
Guillaume Simiand
Simiand, Guillaume, "Casanova et le nom « Seingalt »", Dix-huitième siècle 1/2012 (n° 44), p. 561-579
Extrait de l’article
Casanova qui joue si souvent les sorciers au fil de l’Histoire de ma vie connaît bien la fonction magique du langage. Sa spécialité pour subjuguer les naïfs consiste à tirer de questions dont les lettres sont converties en pyramides chiffrées des réponses dictées par son « génie », son « démon. » Quoique l’aventurier sache fort bien que les opérations arithmétiques qu’il réalise sont arbitraires, et qu’il les choisisse à la volée en fonction de la réponse qu’il souhaite produire, l’alliance entre combinaison de lettres, chiffres et invention du futur exerce sur lui un sortilège étrange. Ne compte-t-on pas, parmi les multiples projets de loto qu’il propose à toutes les cours d’Europe, une curieuse loterie grammaticale, où les joueurs misent sur des syllabes plutôt que sur des nombres ? Casanova est persuadé que le succès est immanquable : le public à l’en croire se ruerait sur les billets pour chercher des oracles dans le fatras de sons distingués par le hasard.
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