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Au miroir du parti huguenot : le contexte de publication des Tragiques

Hugues Daussy

Daussy Hugues, « Au miroir du parti huguenot : le contexte de publication des Tragiques », Albineana, Cahiers d’Aubigné, 30, 2018, p. 49-59.

Extrait de l’article

Après avoir conservé son manuscrit inédit pendant de longues années, Agrippa d’Aubigné prend la décision de publier les Tragiques au printemps 1616. Les meilleurs connaisseurs de la vie et des écrits du poète-soldat ont eu l’occasion d’expliquer à de nombreuses reprises les raisons de ce choix éditorial. Parmi eux, Jean-Raymond Fanlo a ainsi évoqué un « sentiment d’urgence » éprouvé par un Aubigné angoissé et frustré qui l’aurait conduit à mettre son texte en lumière. Cette conviction d’un devoir de publier, qui s’empare alors d’Aubigné, ne peut se comprendre sans recourir à une immersion au coeur de la nébuleuse politique huguenote qui s’avère particulièrement agitée depuis la mort d’Henri IV, survenue dans des circonstances aussi brutales que tragiques en mai 1610. Sans avoir la prétention d’innover, il est ainsi possible de proposer, à l’aune des dissensions intestines qui perturbent alors le petit monde des élites réformées du royaume, une lecture du rejet progressif conçu par le gouverneur de Maillezais à l’égard non seulement du parti huguenot, mais plus largement de la noblesse française, origine du cri de colère et de désespoir que constitue l’impression des Tragiques. Ce sont ainsi trois contextes parallèles et emboîtés qui concourent à rendre la publication de son texte nécessaire à ses yeux : les événements internes à la minorité huguenote, eux-mêmes étroitement influencés par la nouvelle politique royale qui engendre les révoltes de 1614-1616 et enfin, dans un espace plus intime, la douloureuse expérience albinéenne de ces événements. La mort d’Henri IV rompt un ensemble d’équilibres fragiles qui garantissait la stabilité politique du royaume et assurait aux réformés français une vie relativement paisible, malgré les nombreuses contraventions observées quotidiennement dans l’application de l’édit de Nantes.

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