Home / History and function / Religion, spirituality and hermetism / Modern studies > ’Je monstre un singe acoustré en damoiselle’ : (…)

’Je monstre un singe acoustré en damoiselle’ : représentations et identités simiesques dans les polémiques religieuses en France (1542-1584)

Benoît Lafleur

Lafleur, Benoît, " ’Je monstre un singe acoustré en damoiselle’ : représentations et identités simiesques dans les polémiques religieuses en France (1542-1584)", maîtrise d’histoire, Université du Québec, 2013

Résumé de l’article

La recherche sur le symbolisme animalier en Occident est un objet d’histoire à part entière que recouvre désormais le domaine pluridisciplinaire de la zoohistoire. Des études spécialisées montrent que diverses sources textuelles et iconographiques regorgent de nombreuses représentations simiesques, malgré le fait que cet animal soit peu présent physiquement sur le sol européen. Néanmoins, toutes les analyses de sources culturelles convergent en témoignant de manière très cohérente sur les multiples caractéristiques que l’homme occidental prête intrinsèquement à cet animal, mais dans un rapport diamétralement opposé à notre perception contemporaine de la figure simiesque, amusante et sympathique. En effet, de l’Antiquité jusqu’au milieu du XXe siècle, les représentations simiesques ont systématiquement une connotation péjorative. Ce mémoire de maîtrise porte sur la construction du mythe simiesque, sur sa présence symbolique itérative dans la culture et son utilisation dans la société. Une incursion dans le cadre spatio-temporel de la France au XVIe siècle, et en particulier dans un rapport historiographique étroit avec les guerres de Religion, s’avère être un terrain d’étude propice pour circonscrire de manière précise les concepts de représentation et d’identité en les appliquant aux échanges de la polémique religieuse entre les protestants et les catholiques. Durant cette période, la représentation simiesque sert d’arme symbolique et identitaire pour les polémistes religieux. Le but recherché est de discréditer l’autre en le représentant sous les traits animalisés du singe, qui endosse une multiplicité de rôles, allant de la figure d’inversion comique et carnavalesque du théâtre populaire à la figure diabolique et hérétique d’un théâtre infernal de la désolation. Les analyses démontrent une évolution diachronique dans l’utilisation de la représentation simiesque en France et qui suit sensiblement le même mouvement que celui des tensions politiques et sociales. En comparant les représentations conceptuelles du « singe religieux » produites par les polémistes des deux camps et sur un court demi-siècle, nous isolons un indicateur probant de l’histoire culturelle qui nous permet de mesurer et de suivre, avec d’autres manifestations symboliques connexes, l’évolution des changements socioculturels en cours dans l’histoire de la France.

Lire la suite (UQAM)