La mise en spectacle de la religion royale : recherches sur la dévotion de Louis XIV
Sébastien Gaudelus
Sébastien Gaudelus, "La mise en spectacle de la religion royale : recherches sur la dévotion de Louis XIV", dans Histoire, économie & société, année 2000, n° 4, p. 513-526.
Extrait de l’article
« Faites honorer Dieu partout où vous aurez du pouvoir ; procurez sa gloire ; donnez-en l’exemple : c’est un des plus grands biens que les rois puissent faire. »
Ainsi s’exprime Louis XIV en 1700 à l’attention de son petit-fils, le futur Philippe V d’Espagne, dans les Instructions au duc d’Anjou. Bien que postérieur de quarante ans au début du règne personnel du monarque, ce conseil illustre pourtant son attitude face à la religion catholique. Pour proclamer partout la gloire de Dieu, il se devait d’être un exemple en matière de dévotion.
Celle-ci fut clairement et hautement affichée. Ses rites, ses rythmes, son cadre liturgique et ses manifestations en révèlent l’ampleur et le caractère opératoire, pragmatique. Certes, les grandes querelles religieuses qui accaparèrent le monarque dès 1661, celles du jansénisme ou du protestantisme, révèlent la piété royale. Nous avons laissé de côté ces questions qui, par bien des aspects, relèvent de la sphère politique. Nous avons préféré examiner la dévotion de Louis XIV au quotidien. Et si, dans ce domaine, le spectacle triompha aussi, glorieux, à l’image des Plaisirs de l’île enchantée qui illuminèrent ce début de règne, il ne fut pas synonyme de vacuité ni de vaine pompe. La piété ne fut pas de façade.