Marguerite de Navarre à la recherche du sens spirituel de la Bible
Barbara Marczuk-Szwed
Barbara Marczuk-Szwed, " Marguerite de Navarre à la recherche du sens spirituel de la Bible", dans Bulletin de l’Association d’études sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, année 1991, volume 33, numéro 33, p. 31-42.
Extrait de l’article
En 1525 Pierre de Sébiville écrivait à Anemon de Coct : «II n’y a point aujourd’hui en France plus évangélique que la Dame d’Alençon». Ce témoignage de l’attachement de Marguerite de Navarre à la Parole de Dieu n’est pas isolé. Selon les contemporains de la Reine, toute sa piété était ancrée dans l’Évangile. Il en est de même pour ses écrits, imprégnés de la Bible à tel point, que l’on peut dire qu’«elle pense, elle sent, elle parle scripturairement». Cette «innutrition» biblique de Marguerite est sensible dans ses lettres à Briçonnet, premier exercice de sa plume, et elle persiste jusqu’aux Prisons, son testament spirituel. Divers aspects de cette présence de la Bible dans les œuvres de Marguerite ont été l’objet d’études nombreuses, mais peu de chercheurs se sont intéressés à ses réflexions concernant l’intelligence de l’Écriture et à ses propres tentatives de pénétrer le sens profond de la Parole divine.
Marguerite est persuadée que le «livre escript de la divine main» (Les Prisons, v. 1465) est différent de tous les autres. Cette «Manne tresdoulce et nécessaire pain» (Les Prisons, v. 1466) est pour elle une «manne secrete» (Les paroles de Balthazar, Adoration, p. 217) dont il faut découvrir le mystère.