Port-Royal et la gloire
Olivier Chaline
Olivier Chaline, "Port-Royal et la gloire", dans Histoire, économie & société, 2001, n° 2, p. 163-175.
Extrait de l’article
Port-Royal et la gloire, une telle alliance de termes a toutes les apparences d’un oxymore. La vie menée dans l’«affreux vallon» semble bien éloignée d’une pensée si mondaine. Pour la tradition janséniste du XVIIIe siècle, Port-Royal fut peuplé de champions de la vérité divine et s’il y fut question de gloire, ce fut uniquement de celle de Dieu et non pas de celle, vaine, des hommes.
Pourtant, la critique de la gloire, si acerbe soit-elle, ne mène guère à son éviction. Souvent, elle lui cherche même de meilleures fondations, en tâchant de substituer une définition légitime à une autre jugée fallacieuse. Des auteurs liés au monastère de Port-Royal, tels que Saint-Cyran, Arnauld d’Andilly, Antoine Arnauld, Nicole, Thomas du Fossé, Lancelot ou M. Hamon pour n’en citer que quelques-uns sans évoquer Pascal, échapperaient-ils à une gloire qui revient d’autant plus promptement qu’ils en ont vigoureusement proclamé la vanité? Avec eux, la gloire est à envisager sous toutes ses modalités, divine et humaine, céleste et terrestre.
Les catégories propres aux définitions alors les plus courantes de la gloire permettent d’éclairer les différents aspects de la question de la gloire humaine extrinsèque ou intrinsèque.