Saintes et travesties du Moyen Âge
Frédérique Villemur
Frédérique Villemur, "Saintes et travesties du Moyen Âge", dans Clio, année 1999, numéro 10, Femmes travesties : un "mauvais" genre, mis en ligne le 22 mai 2006.
Résumée de l’article
Recluses, ermites ou engagées dans le monde, les saintes travesties sont nombreuses jusqu’à la fin du Moyen Âge. Ayant valeur de transgression et/ou d’initiation, le travestissement permet à Thècle, Pélagie, Marguerite, Marine ou Eugénie de redéfinir non seulement la notion de virginité mais d’affirmer une sainteté au nom d’une intégrité qui dérange les catégories sexuées et renverse les notions de genre. D’autres, comme Galla, Paula ou Wilgeforte, délivrent de l’antagonisme des sexes. Et toutes, jusqu’à Jeanne d’Arc, bouleversent la destinée des femmes en perturbant l’ordre temporel des hommes. Ainsi apparaît la conquête d’un nouveau corps à travers la mission chrétienne et l’expérience mystique, qui déjoue la nature de femme et les vertus masculines.