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Stat inter spinas lilium : le Lys de France et la couronne d’épines

Chiara Mercuri

Mercuri C., « Stat inter spinas lilium : le L ys de France et la couronne d’épines », Le Moyen Age 2004/3-4, Tome CX, p. 497-512.

Extrait de l’article

Au cours de la première moitié du XIIIe siècle, une translation de reliques peu ordinaire a lieu dans le royaume de France : le transfert de la couronne d’épines provenant du trésor du palais royal de Constantinople. Les contingences politiques de l’acquisition de cette relique par le roi de France Louis IX sont bien connues grâce au récit de l’évêque de Sens, Gautier Cornut : Baudouin de Flandre, empereur de Constantinople, ayant besoin d’argent pour soutenir l’agonisant Empire latin d’Orient, proposa à son cousin Louis IX d’acquérir la relique qui, autrement, aurait été vendue aux Vénitiens.

Mais si l’on reconnaît le caractère fortuit de cette acquisition, on doit en même temps noter qu’à partir du moment où la relique devient possession du roi, une propagande consciente est organisée par la monarchie. Tous les moyens ont été utilisés pour donner du relief à l’événement et pour organiser la promotion de cet objet qui devait devenir un status symbol pour la monarchie et pour Paris. C’est en ce sens que la monarchie met en place un espace matériel, la Sainte-Chapelle – espace sacré géré par la monarchie –, et un espace liturgique – la fête du 11 août –, afin de célébrer dignement cette sainte acquisition. Pour la célébration de cette fête In translatione coronae Domini, deux offices liturgiques ont été composés : deux textes ad hoc, que l’on peut lire comme le manifeste théologico-politique de ce rite palatin. En effet, ces pages se font l’écho d’une propagande qui, en exaltant la couronne d’épines, veut exalter la France et sa monarchie.

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