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L’avènement d’Henry IV vu par les historiens ligueurs

Xavier Le Person

Le Person Xavier, « L’avènement d’Henry IV vu par les historiens ligueurs », Albineana, Cahiers d’Aubigné, 31, 2019. Paradoxes d’historiens : les enjeux de l’écriture de l’histoire en France (1560-1630) p. 133-153.

Extrait de l’article

Même les esprits posés et prudents comme celui de Michel de Montaigne appréhendent le changement : « En toutes choses, sauf simplement aux mauvaises, la mutation est à craindre ». C’est d’autant plus vrai pour les changements dynastiques. La fin du règne d’Henri III est très certainement un moment de crispation des esprits catholiques les plus partisans. La mort de François d’Alençon, duc d’Anjou, dernier héritier présomptif du trône, semble ouvrir l’accession d’Henri de Navarre, prince huguenot excommunié, à la Couronne de France. L’exécution en décembre 1588, sur ordre du roi, du duc de Guise et de son frère, le cardinal, perçus comme des protecteurs de la foi, achève de plonger les « bons catholiques » et les affidés de la Ligue dans la crainte de l’avènement inexorable de l’hérésie. La nature jugée vicieuse et maléfique d’un prince huguenot, dans un système politique où le roi doit être un modèle de piété et de comportement et un protecteur de l’Église, ne peut-elle pas perdre totalement le royaume ? L’horizon s’obscurcit encore davantage en août 1589, lorsque Henri IV devient roi de France. Dans le microcosme nobiliaire, les inquiétudes sont fortes. Beaucoup de ligueurs avaient pris les armes, s’estimant lésés par la politique de faveur d’Henri III valorisant ses mignons. Quelle sera l’attitude du «Roy de Navarre » , prince huguenot, à leur égard ? Ne seront-ils pas privés définitivement de grâces royales ? Que va devenir l’Église catholique ? Dans ce climat d’incertitude, certains d’entre eux prennent la plume pour la première fois ou se remettent à écrire pour trouver un dérivatif à leurs craintes, pour mettre un peu d’ordre dans un univers marqué par le chaos, en témoignant de ce qu’ils ont vu et entendu. Leur récit s’apparente à un journal rédigé au gré des événements et des nouvelles, dans lequel ils n’hésitent pas à faire part de leurs opinions. Cependant, au fil du temps, leurs écrits personnels deviennent des « histoires » à part entière. Pourquoi ont-ils décidé d’écrire une histoire ? Comment ont-ils évolué dans leur écriture ? Ces écrits éclairent les circonstances et les motivations qui ont entraîné ces « bons catholiques » à prendre la plume.

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