La biographie et l’historien
Robert J. Knecht
M. Robert J. Knecht, "La biographie et l’historien", dans Cahiers de l’AIEF, 2000, n° 1, p. 169-181.
Extrait de l’article
En tant que sujet britannique d’origine française, je suis souvent frappé par les contrastes qui existent entre mes deux patries. La biographie historique en est un exemple. En Angleterre, si vous allez dans une grande gare, vous trouverez une librairie avec quelques livres, presque exclusivement des romans. En France, vous y trouverez souvent des livres d’histoire et des vies de grands personnages du passé ou du présent. La biographie occupe une place imposante dans la production des maisons d’édition françaises. Ce n’est pas le cas en Angleterre où il n’y a pas d’équivalent à la série de biographies historiques diffusée depuis longtemps chez Fayard.
Cela indique une différence de goût entre les lecteurs des deux nations. En Angleterre, la biographie historique reste le domaine d’un public plus ou moins cultivé et par conséquent restreint ; en France, elle s’adresse a un public pas nécessairement très cultivé mais beaucoup plus large. L’Anglais moyen n’aime pas tellement l’histoire tandis que le Français semble l’aimer pourvu qu’elle ne soit pas trop sérieuse. C’est peut-être pourquoi la biographie historique s’est attiré le mépris de beaucoup d’historiens français, alors qu’en Angleterre elle a maintenu sa position.
Le mépris en France a été exprimé surtout par les historiens de l’école des Annales.