Hauptseite / Historiographie & Methodologie / Historiographie / Moderne Studien > Saint-Simon dans les pays de langue allemande

Saint-Simon dans les pays de langue allemande

Fritz Nies

Nies, Fritz, "Saint-Simon dans les pays de langue allemande", Cahiers Saint-Simon, n° 20, 1992. Les Mémoires hors de France, p. 9-18.

Extrait de l’article

Les Allemands auraient mille raisons, plus de raisons en tout cas qu’Italiens, Anglais ou Américains, de lire le plus grand des mémorialistes français. Qu’il me soit donc permis de vous rappeler quelques-unes de ces raisons particulières. Le duc fut un des rares Français de son époque à parler l’idiome germanique et à entrer en contact véritable avec les populations des territoires envahis, pendant les campagnes militaires entre 1694 et 1702. Il était proche de plusieurs princesses et princes allemands : de Madame Elisabeth-Charlotte, duchesse d’Orléans, de la Dauphine Maria-Anna de Bavière et de sa dame d’honneur Sophie-Maria de Lowenstein. Le seul homme que Saint-Simon distinguât par le qualificatif d’«ami » était le prince Christian III du Palatinat, futur duc de Deux-Ponts. C’est sur le sol allemand que le jeune Saint-Simon prit, en 1694, la décision d’écrire ses Mémoires, et il n’y a guère, dans le vaste ensemble de la littérature française, d’autre texte à nous faire comprendre de manière plus poignante l’interpénétration de l’histoire française et de l’histoire allemande. Le duc nous rappelle aussi que vingt ans plus tard, ce sera un ambassadeur allemand que Louis XIV malade recevra peu avant sa mort. Insistons sur le fait que ces dates de référence ne forcent point la vérité par une interprétation abusive. Les guerres à l’ouest de l’Empire germanique, les dessous de leur déclenchement sont, comme on sait, un des leitmotiv des Mémoires où les noms de lieux allemands se comptent par douzaines. Parfois les informations que donne le duc sur les distances entre les localités allemandes ou sur la végétation sont d’une exactitude quasi cartographique. Loin d’être un observateur froid qui affiche sa réserve, Saint-Simon déplore au contraire ouvertement la dévastation du Palatinat et de ses villes florissantes dont il connaît l’histoire de manière à nous surprendre.

Lire la suite (persee.fr)