Clovis chez les faussaires
Carlrichard Brühl
Carlrichard Brühl. Clovis chez les faussaires., Bibliothèque de l’École des chartes, 1996, n° 1, p. 219-240.
Extrait de l’article
On sait qu’il ne nous reste de Clovis aucun acte sincère qui viendrait tant soit peu éclairer l’histoire du règne : triste constat que l’on peut étendre à l’ensemble du VIe siècle mérovingien dont les rois, pas plus que leurs homologues lombards, ne nous ont laissé un seul acte qui ne soit une forge-rie. Il faut en effet attendre un précepte de Theudebert II, daté d’un 8 juin 596 ou plus vraisemblablement [602-603], pour trouver un document qui — soyons prudent — semble sincère dans son noyau initial [...]
La critique n’est donc pas trop ardue, à tout le moins dans son versant négatif : montrer que ce n’est pas Clovis ni ses contemporains qui ont commandé, écrit et lu les quelques documents que l’on se propose ici de passer en revue. Il est, on va le voir, souvent plus délicat, mais combien plus enrichissant, de tenter de déterminer le mobile, l’époque et plus encore les méthodes de travail des faussaires ; plus intéressant enfin, et ce sera notre conclusion, d’essayer de comprendre pourquoi ils ont choisi Clovis, ou plus précisément, sans tout dévoiler encore, pourquoi ils ont été si peu à vouloir faire parler Clovis.