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Le roi, la chasse et le parapluie ou comment l’historien fait parler les images

Annie Duprat

Annie Duprat. Le roi, la chasse et le parapluie ou comment l’historien fait parler les images, Genèses. Sciences sociales et histoire, 1997, n° 1, p. 109-123.

Extrait de l’article

Une histoire de la représentation figurée, replacée dans le contexte des" imaginaires sociaux des différentes époques, devra un jour être faite. On y trouvera le long cortège des plaintes et des indignations sur les pouvoirs de l’image supposés malins et pervers. C’est ainsi que les gravures : des pamphlets du temps de la Ligue parisienne, les estampes populaires d’un Lagniet sous Louis XIV ou encore les caricatures de la Révolution et du siècle suivant ont fait l’objet de nombreux commentaires, souvent péjoratifs.

Chacun sait pourtant combien l’image ne représente pas le réel mais donne un point de vue, au sens littéral du terme, fondé sur le choix conscient ou non de son auteur, lui- même surdéterminé par son époque. Mais l’idée que la figuration doit rendre compte de la réalité persiste dans l’esprit des spectateurs. Les tableaux des plus grands maîtres n’ont pas été exemptés de critiques à leur époque: ainsi Philippe de Champaigne reprochait-il au tableau de Nicolas Poussin Eliezer et Rebecca d’avoir oublié les chameaux mentionnés dans le texte biblique. L’artiste avait librement choisi de situer son œuvre dans un code esthétique plutôt que de représenter un «vrai» biblique. C’est au nom des codes socioculturels de son temps que Le Brun, le grand maître de l’Académie, malgré le peu d’amitié qu’il lui témoignait, prit sa défense.

Un des acquis fondamentaux des réflexions historiographiques récentes est de redonner à l’iconographie une place au service de l’histoire2. Cependant si les études se multiplient, elles sont encore disparates et ne rendent pas les services qu’on attendrait d’elles.

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