Ordinateur et manuscrits : Propositions pour une généalogie des textes
Guy Jacquesson
Guy Jacquesson, Ordinateur et manuscrits : Propositions pour une généalogie des textes, Médiévales, 1982, n° 2, p. 122-139.
Extrait de l’article
Il y a certes bien des années déjà que l’éditeur de textes, aux prises avec un volumineux corpus, enseveli sous les variantes et les sigles, a songé à utiliser les ressources de l’ordinateur pour la manipulation de ses fichiers, rêve de remplacer les bouts de papiers griffonés par le clavier et la bande magnétique... Le remarquable ouvrage de Dom J. Roger dont je me suis souvent inspiré au cours de mon travail en témoigne assez.
Mais depuis 1967, les progrès de l’informatique dans le domaine des matériels ont été si considérables que les conditions d’une telle utilisation en ont été complètement bouleversées. Ce qui, voilà seulement une dizaine d’année n’était envisageable que dans le cadre d’un « laboratoire de recherche », ou d’un institut spécialisé doté de très gros moyens financiers est aujourd’hui — j’espère en convaincre le lecteur — à la portée, sinon de n’importe qui, du moins de tout chercheur capable d’y sacrifier par moments son téléviseur et de dépenser (tout de même !) quelque 15 000 Francs. C’est qu’en effet avec l’apparition des circuits intégrés et du microprocesseur, la commercialisation depuis 4 ou 5 ans de « micro-ordinateurs », les « GAMMA 55 » et autres « GE 425 » illustrant par exemple l’ouvrage cité plus haut, font désormais figure de diplodocus : taille immense et cervelle réduite !