Les opérations du bureau du triage. Notice et état sommaire de 11 760 liasses et registres de la Chambre des comptes détruits en l’an V.
Jules Viard
Jules Viard, "Les opérations du bureau du triage. Notice et état sommaire de 11 760 liasses et registres de la Chambre des comptes détruits en l’an V.", dans Bibliothèque de l’Ecole des chartes, Année 1896, Volume 57, Numéro 1, p. 418 - 426.
Extrait de l’article
Les travaux faits récemment à l’aide des anciennes pièces de comptabilité, et en particulier l’ouvrage de M. le colonel Borrelli de Serres, ont attiré l’attention des érudits sur ce genre de documents. Délaissés jusqu’à présent à cause des difficultés qu’en présente l’étude, on se prend maintenant à regretter qu’ils ne nous aient pas été conservés en plus grand nombre. Quelle mine de renseignements trouveraient en effet l’historien et l’archéologue dans la collection complète, par exemple, des Journaux du Trésor, des Comptes de l’hôtel, des Comptes de l’argenterie ! Les rares spécimens de ces registres qui ont échappé à la destruction nous font déplorer la perte des autres. L’incendie du 27 octobre 1737 avait déjà fortement éprouvé les collections de la Chambre des comptes, et beaucoup de documents de premier ordre avaient disparu dans cette catastrophe. Cependant, grâce aux sauvetages qui furent opérés et aux reconstitutions, l’ensemble de ces archives aurait pu encore former aujourd’hui un des fonds les plus importants des Archives nationales. Malheureusement, comme si le désastre de 1737 n’avait pas été déjà suffisant, ce fut dans ce fonds que le Bureau du triage commença son œuvre néfaste de destruction, œuvre qui porta principalement sur les Comptes et pièces justificatives de dépenses. L’Inventaire sommaire et tableau méthodique des fonds conservés aux Archives nationales, publié en 1871, dit qu’en 1791 plusieurs milliers de registres, renfermant la comptabilité de la maison du roi, des maisons des princes et des grands services publics depuis le commencement du XIVe siècle, furent détruits. Un état, conservé dans les archives du Bureau du triage, montre que la destruction fut, hélas ! plus considérable qu’on ne le laissait soupçonner.