Grégoire Huret, dessinateur et graveur
David Guillet, Emmanuelle Brugerolles
David Guillet et Emmanuelle Brugerolles, "Grégoire Huret, dessinateur et graveur", dans Revue de l’Art, année 1997, volume 117, numéro 117, p. 9-35.
Extrait de l’article
Né à Lyon le 24 octobre 1606, fils d’un menuisier semble-t-il, Grégoire Huret reçut sa formation dans sa ville natale, peut-être de Karl Audran. Ses premières planches signées furent en effet publiées en 1623 dans Le Soleil au Signe du Lyon et dans la Réception de très chrétien, très juste et très victorieux monarque Louis XIII, roi de France et de Navarre aux côtés de celles de cet artiste, dont elles ont été rapprochées.
Apparemment Huret quitta Lyon pour Paris vers 1635, puisqu’à partir de cette année l’essentiel de sa production datée est gravé pour les libraires et éditeurs de la capitale, notamment Sébastien Cramoisy. Sa présence y est attestée par les archives en 1638 — époque à laquelle il réalisa des planches isolées d’inspiration religieuse, des thèses et quelques frontispices de livres importants — et l’on sait qu’en 1642 il était établi rue Saint-Jacques. Le 12 août 1646, il épousa Marguerite Chanlatte, veuve de Germain Fournier, greffier de la chambre civile du Châtelet ; Pierre Mariette, "marchand en taille douce" et Henri-Louis Habert de Montmort furent ses témoins. De cette période datent ses plus beaux frontispices de livres, notamment ceux des Peintures parlantes où les passions sont représentées par tableaux, par charactères et par questions nouvelles et curieuses du père Ives, daté de 1640, des Reginae eloquentiae Palatium Sive exercitationes oratoriae, daté de 1641, de l’Histoire des Guerres civiles de France... d’Enrico Caterino Davila, daté de 1644 ou encore de La Science héroïque de Marc Vulson de la Colombière, également daté de 1644. Au plus tard en 1653, il s’installa près du Châtelet, rue de la Savonnerie, comme l’atteste l’adresse figurant en tête du recueil Modèle des Actions/ de la/ Jeunesse Chrétienne/ Tiré sur l’exemple/ Dv Verbe Incarné/ et de Ses vrays Imitateurs/. Dédié à la Jeunesse qui aspire à la Dévotion.
Le 7 août 1663, Grégoire Huret fut reçu à l’Académie royale à laquelle il remit, le 17 décembre 1664 un recueil de 32 planches intitulé Theatrvm Dolorum/ IESV CHRISTI/ Dei-Hominis/ Pro Hominibrs Patient, plus couramment mentionne comme Théâtre de la Passion. Peu avant sa mort, il s’engagea dans des débats théoriques qui l’opposèrent vivement à Abraham Bosse et à ses thèses sur la perspective, formulées dans les Leçons données dans l’Académie Royale de peinture et de sculpture. Cette polémique trouva son aboutissement dans le Traité d’optique de portraiture et peinture, ouvrage posthume publié en 1670. Il mourut à Paris le 4 janvier 1670.