La fortune de Charles Le Brun
Antoine Schnapper
Antoine Schnapper. La fortune de Charles Le Brun, Revue de l’Art, 1996, n° 1, p. 17-22.
Extrait de l’article
Mis à part le cas bien particulier de Poussin, on n’a guère étudié la situation matérielle des artistes français du XVII siècle. L’histoire sociale de l’art offre pourtant un terrain solide, sur lequel pourraient se rencontrer historiens et historiens de l’art. L’étude de la fortune des artistes aiderait à préciser leur succès en fonction de leur position dans la société, du genre qu’ils pratiquaient, de leur stratégie, et d’éclairer par ricochet les demandes de leur clientèle.
Il est vrai que, malgré ou à cause des immenses richesses des minutes notariales, de telles études sont difficiles et fastidieuses. Les historiens de l’art n’avaient pas attendu la création du Minutier central pour les exploiter : les publications des Archives de l’art français depuis un siècle et demi sont nourries de tels documents ;dès 1874-1875, Guiffrey avait publié un grand dossier qui permettait de connaître la fortune de Mignard. Les monographies, les livres, les catalogues d’exposition consacrés à la peinture française du XVII siècle, qui se sont multipliés depuis quarante ans, citent volontiers des documents notariés, mais sans oser le plus souvent les mettre en relation les tins avec les autres de façon à leur donner sens.