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Les dernières années de François Perrier (1646-1649)

Jacques Thuillier

Jacques Thuillier, "Les dernières années de François Perrier (1646-1649)", dans Revue de l’Art, 1993, n° 1, p. 9-28.

Extrait de l’article

François Perrier offre dans l’histoire de l’art un cas assez paradoxal. Il ne fait pas partie de ces peintres du dix-septième siècle français qui furent longtemps rejetés dans l’oubli, comme Baugin, La Tour ou Tournier. Son nom a toujours été cité avec respect. Mais à ce respect qui a duré trois siècles et demi ne correspond ni une image nette de l’artiste, ni un catalogue précis des œuvres, ni une place bien définie dans l’histoire de l’art, tant italien que français. On admet que Perrier est un grand peintre : mais comme par convention, et sans chercher outre.

C’est précisément cette convention qu’il est temps de briser. Elle a nui à l’artiste, au cours des siècles, plus que n’auraient fait le mépris et même l’oubli. En un temps où il est à nouveau possible d’aimer et d’admirer Vignon et Blanchard, La Hyre et Vouet, où se reconstruit peu à peu une image plus véridique de la peinture parisienne du XVIIe siècle et du milieu des Français à Rome, elle risque de reléguer Perrier dans une marge toute académique et très préjudiciable.

On voit assez bien comment s’est créée cette situation fausse. Perrier a travaillé peu de temps à Paris. Mais il a fait partie des fondateurs de l’A­cadémie Royale en 1648. Ce titre d’«ancien» de l’Académie lui a valu un préjugé favorable, deux pages de Félibien et une notice de Guillet de Saint-Georges où purent puiser, directement ou indirectement, les dictionnaires biographiques. Ses recueils gravés d’après les antiques de Rome furent longtemps réédités et utilisés jusqu’au milieu du XIXe siècle dans tous les ateliers ; ils servirent de référence aux artistes et même aux archéologues, et ils ont conservé son nom auprès de générations nombreuses, sans pour autant leur transmettre rien de son style.

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