Une famille d’orfèvres parisiens au XVIe siècle, les Toutain
Michèle Bimbenet-Privat
Michèle Bimbenet-Privat, "Une famille d’orfèvres parisiens au XVIe siècle, les Toutain", dans Bibliothèque de l’École des chartes, année 1983, volume 141, numéro 1, p. 91-115.
Extrait de l’article
Par le rôle qu’ils ont tenu dans l’orfèvrerie parisienne, par leurs travaux, par le rang qu’ils ont occupé dans le commerce de la capitale, les Toutain méritent mieux que le relatif oubli dans lequel ils ont été maintenus jusqu’ici. Cette méconnaissance s’explique sans doute par le fait qu’aucun d’eux n’a, dans le sillage de leur confrère Claude Marcel, quitté sa condition d’artisan, au demeurant bien confortable, pour acquérir charges et offices au service de la royauté.
A ce titre, la famille Toutain est un excellent exemple de ces artisans-artistes qui, fidèles à leurs ateliers séculaires et négligeant de faire montre d’une richesse patiemment construite, sont pourtant fournisseurs habituels de la cour et des grands. Cette discrétion aurait pu occulter leur importance si les actes notariés n’avaient mis en lumière leur vie de famille, les travaux de leurs ateliers et leurs habitudes commerciales.
La présence des Toutain à Paris est attestée d’ancienneté : Henri Nocq recense deux Toutain chargés des fonctions de gardes de l’orfèvrerie au cours du XIVe siècle. La liste s’étoffe au cours du XVIe siècle, où l’on dénombre vingt-huit membres de cette nombreuse famille, dont douze au moins exercent le métier d’orfèvre.