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Construction généalogique et développement de l’État moderne. La généalogie des Bailleul

Christian Maurel

Christian Maurel, "Construction généalogique et développement de l’État moderne. La généalogie des Bailleul", dans Annales, année 1991, volume 46, numéro 4, p. 807-825.

Extrait de l’article

L’histoire du genre généalogique dans la société française d’Ancien Régime reste encore largement à faire même si, ces dernières années, quelques études générales ont posé certains jalons. Tout particulièrement, le sens, la fonction de l’entreprise généalogique n’ont pas été suffisamment éclairés.

Deux voies s’offrent au chercheur. On pourrait faire la recension de toutes les productions généalogiques conservées (imprimées et manuscrites), les classer en ordre chronologique pour analyser ensuite l’évolution de leur contenu. Mais la richesse documentaire est très grande. Reste un deuxième type d’approche — celui qui a été retenu ici — qui consiste à scruter avec précision un petit corpus de généalogies voire une seule généalogie.

Mon choix s’est porté sur la Généalogie de l’Illustre Maison de Bailleul, composée à la fin des années trente du XVIIe siècle. Œuvre du fameux généalo­giste d’origine provençale Pierre d’Hozier (1592-1660), sur lequel nous revien­drons, c’est à l’évidence un travail de commande dont le promoteur est sans aucun doute le dédicataire de l’ouvrage, Nicolas de Bailleul (1587-1652), avec lequel nous convions tout d’abord le lecteur à lier connaissance. Apparaîtront ce faisant les raisons qui ont conduit à la présentation de ce cas.

La famille de Bailleul était originaire de Normandie. Le père de notre com­manditaire, également prénommé Nicolas, était venu dans les années 1560 s’ins­taller à Paris, où il exerça pendant quelque quarante ans la charge de valet de chambre ordinaire des rois Charles IX, Henri III et Henri IV. En 1586, il avait épousé la jeune veuve d’un greffier de l’Hôtel de Ville Marie Habert, dame du Tremblay, dont le père Claude Habert occupa durant plusieurs lustres les fonc­tions de principal commis au greffe criminel du parlement.

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