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Mathieu de Morgues, Bon Français ou Bon catholique ?

Seung-Hwi Lim

Seung-Hwi Lim, "Mathieu de Morgues, Bon Français ou Bon catholique ?", dans Dix-septième siècle, année 2001, volume 4, numéro 213, p. 655-672.

Extrait de l’article

Le début du ministère de Richelieu fut marqué par une relative accalmie sur le plan polémique chez les Bons catholiques, cela provint de ce que, pendant ces quelque six années, jusqu’à la journée des Dupes, le conflit, toujours latent, n’eut pas l’opportunité d’éclater au grand jour : à cette époque, le Cardinal, homme d’Église, ne se montra guère sous le jour de l’ « Homme rouge », meneur d’une politique qui devait scandaliser peu à peu le monde catholique.

Ce préjugé favorable envers sa personne persista peu ou prou, et ce fut seulement à la fin de 1629 que le doute devint une réalité incontournable, symbolisée deux ans après par l’exil de Marie de Médicis, reine mère du roi Très-Chrétien. Ce fut le véritable signal de départ d’un conflit ouvert dans lequel les forces antagonistes, jusqu’alors latentes, éclatèrent au grand jour et démontrèrent leur véritable visage. Ainsi apparurent divers écrits politiques et libelles, violents et passionnés, dans lesquels le gouvernement et Richelieu en personne furent vivement attaqués et non moins vivement défendus.

Autour du Cardinal, se forma un groupe d’écrivains dévoués à sa cause qui attaquèrent ses adversaires par la plume. Du côté adverse, sans doute moins important mais non moins énergique, on livra une guerre sans répit à Richelieu. C’est au milieu de cette bataille de libelles que surgit le personnage de Mathieu de Morgues. La notoriété de ce pamphlétaire infatigable provient surtout de sa critique virulente de la politique de Richelieu : il affichait en particulier sa réprobation dans l’affaire du bannissement de la reine mère, et s’en prenait au caractère destructeur des décisions du cardinal pour l’ancienne société française, que Morgues se plaisait à qualifier de « paisible et naïve ». Pour la période qui s’étend de 1631 à 1642, le pamphlétaire publia à lui seul, en qualité de porte-parole officiel de la reine mère exilée, un corpus de plus de 23 libelles entre 1631-1643.

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Nous n’avons pas l’intention de composer une biographie complète de l’écrivain pour l’innocenter de sa « trahison » vis-à-vis du Cardinal, ni de défendre sa cause en justifiant sa rupture, mais de mettre au jour l’identité de l’opposition « Bons Français » / « Bons catholiques » à travers l’ambiguïté de sa carrière, ainsi que l’inefficacité des grilles traditionnelles d’analyse et la complexité du mouvement des « Bons catholiques ».

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