Extrait de l’article

L’Etat en France, a-t-on dit, a créé la nation, les serviteurs de l’Etat, surtout depuis le XIIIe siècle, ont joué un rôle de premier plan dans l’affirmation d’un certain patriotisme, convaincus comme ils l’étaient que les habitants du royaume formaient une communauté naturelle liée par un passé commun. La grande querelle qui opposa Philippe le Bel à Boniface VIII entre les années 1296 et 13022 suscita toute une série d’oevres polémiques défendant face au pouvoir pontifical l’indépendance de la couronne de France, tant au spirituel qu’au temporel ; »visant le pape d’abord, toutes par la même occasion atteignent l’empereur« en faisant du royaume de France au moins l’égal de l’Empire. Mais ce sont là, peut-on dire, querelles de clercs, querelles d’idées. Quels étaient parallèlement les sentiments des habitants du royaume ? Comment évoluèrent-ils au cours de cet immense affrontement de deux pays, la guerre de Cent ans, qui ne pouvait qu’ »amener les hommes à penser en "Français" et en "Anglais"pour créer une apparence de "sentiment national"« , ce sentiment qui assurément joue un rôle primordial dans l’existence de l’Etat. Or, comme le dit l’historien Bernard Guenée, »malgré Jeanne d’Arc et toute la littérature qu’elle a pu susciter, que savons-nous, au juste, du sentiment national en France à la fin du Moyen Age ?« .

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