Introduction à l’édition des Enseignements d’Anne de France
Eliane Viennot (éd.)
Viennot, Eliane (éd.), "Introduction", in Viennot, E. / Clavier, T. (éd.), Anne de France : Enseignements à sa fille, suivis de l’Histoire du siège de Brest, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2007.
Extrait de l’introduction
Anne de France, duchesse de Bourbon et d’Auvergne (1461-‐1522), fut l’une des femmes politiques les plus importantes de son temps. Arrivée au gouvernement en 1483, à l’occasion de la minorité de son frère Charles VIII, elle exerça le pouvoir durant de longues années avec son mari, Pierre de Beaujeu. Puis elle se concentra sur la conservation du duché de Bourbon, revendiqué par la Couronne aux dépends des droits de sa fille Suzanne. C’est pour cette fille unique, alors âgée d’environ treize ans, que peu après la mort de Pierre elle rédigea ses Enseignements. Ce texte était suivi, dans le manuscrit offert à Suzanne en 1505, d’une assez longue nouvelle relatant un épisode de la guerre de Cent ans, qui mettait en valeur la force de caractère d’une femme et l’aide morale déterminante qu’elle apportait à son époux dans un moment crucial de sa vie.
Ces deux œuvres sont les seules que l’on connaisse d’Anne de France. Elles témoignent prioritairement de son souci d’aider sa fille, de lui fournir à la fois des conseils et des modèles, au cas où elle se retrouverait, jeune encore, privée de sa mère. Elles explicitent les idées de la duchesse en matière d’éducation des femmes, idées qu’elle mit en pratique avec succès, puisque c’est elle qui forma la plupart des grandes dirigeantes de la génération suivante (Marguerite d’Autriche, gouvernante des Pays-Bas ; Louise de Savoie, deux fois régente en France ; Diane de Poitiers, mentor et maîtresse d’Henri II…). Mais ces œuvres témoignent avant tout de l’extraordinaire personnalité d’Anne de France, des principes qui sont à l’origine de sa réussite personnelle, de sa perception des dangers qui guettaient les femmes de son époque, et d’un talent que Marguerite de Navarre fut la première, sans doute, à remarquer.
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