La mauvaise réputation d’un bâtard royal en France au XVIIe siècle : construction et transmission d’un imaginaire autour de Don Juan José d’Autriche
Alexandra Testino-Zafiropoulos
Alexandra Testino-Zafiropoulos, La mauvaise réputation d’un bâtard royal en France au XVIIe siècle : construction et transmission d’un imaginaire autour de Don Juan José d’Autriche, Histoire culturelle de l’Europe, 1, 2016
Extrait de l’article
Je vis ce prince, qui, tout bâtard qu’il étoit, se faisoit beaucoup respecter. Il étoit servi par des personnes de qualité, et les noms de ceux qui étoient à sa suite étoient des plus illustres d’Espagne.
Parler de la réputation de Don Juan José d’Autriche, le bâtard royal, fils naturel de Philippe IV d’Espagne, est particulièrement complexe compte tenu du fait que cette réputation est pour le moins ambivalente, voire même énigmatique, tout à l’image du personnage lui-même. Les témoignages des écrivains du Grand Siècle sur Don Juan José sont multiples et variables selon l’auteur des textes, sa nationalité, sa fonction ou encore selon son « camp ». Dans cet éventail de perceptions la subjectivité domine et laisse des traces, souvent fort prégnantes, qu’il nous faudra déceler et analyser pour mieux comprendre les propos tenus à l’égard du bâtard.
Tantôt présenté comme un héros, tantôt, au contraire, considéré comme un arriviste imbu de sa personne et assoiffé de pouvoir, le portrait de Don Juan semble en effet dessiné selon l’arbitraire du pinceau des observateurs. Mais dans ce portrait peint avec des couleurs allant des plus claires aux plus sombres, le contexte historique joue un rôle décisif, déterminant, in fine, les impressions liées à l’image de l’illégitime. Le prisme à travers lequel fut regardé le fils naturel du roi d’Espagne est en effet largement déterminé par l’imaginaire de celui qui observe ou encore par ses conditions de production historique.