Accueil / Individus, familles, groupes / Famille royale / Etudes modernes > « La trompette forcée du désespoir » ou la (…)

« La trompette forcée du désespoir » ou la mort en comédie. La mort de Monseigneur dans les Mémoires de Saint-Simon

Marie-Paule de Weerdt-Pilorge

Weerdt-Pilorge, Marie-Paule de « La trompette forcée du désespoir » ou la mort en comédie. La mort de Monseigneur dans les Mémoires de Saint-Simon, Cahiers Saint-Simon, n° 36, 2008. Eloquence de Saint-Simon, p. 12-19.

Extrait de l’article

La mort de Monseigneur survenue en avril 1711 ne saurait retenir l’attention si l’on en restait au personnage que décrit Saint-Simon dans ses Mémoires : « de caractère, il n’en avait aucun ; du sens assez, sans aucune sorte d’esprit (...) » et lorsque l’on apprend que « son peu de lumières, s’il en eut jamais, s’éteignit au contraire sous la rigueur d’une éducation dure et austère (...) », on ne saurait trop regretter qu’un tel dauphin ait pu jamais monter sur le trône. Pourtant, sa mort aussi subite qu’inespérée pour le mémorialiste nous procure l’une des plus belles pages des Mémoires. L’insertion même du récit de cette mort dans la chronique ne nous laisse présager un tel éblouissement : Saint-Simon se retire pour la Semaine Sainte à la Ferté comme à son habitude, préférant fuir les « parvulo » de Monseigneur ou « les Meudons » où se trouvent concentrés tous ses « ennemis personnels », laissant aller le monde comme il va dans la triste perspective de voir un jour Monseigneur régner. La chronologie forme la structure apparente du récit de mort : Saint-Simon rapporte comment Monseigneur contracte la petite vérole, les premiers signes de la maladie qui laissent pourtant l’espoir d’une prompte guérison puis la recrudescence du mal, l’agonie, enfin la mort et la réaction de la Cour à cette nouvelle si imprévue. L’ensemble est cependant dominé, dès les prémisses du récit, par cette légère anticipation relayée par la métaphore de l’épine qui symbolise tous les obstacles que préfigure le futur et probable règne de Monseigneur : « Mais cette épine, et sans remède, m’était cruellement poignante, lorsqu’il plut à Dieu de m’en délivrer au moment le plus inattendu. »

Lire la suite (persee.fr)