Madame de Maintenon et le duc du Maine
Marie-France Hilgar
Hilgar, Marie-France, Madame de Maintenon et le duc du Maine, Albineana, Cahiers d’Aubigné, 10-11, 1999. Autour de Françoise d’Aubigné, Marquise de Maintenon. Tome II. Actes des Journées de Niort 23-25 mai 1996, sous la direction de Alain Niderst; p. 259-267
Extrait de l’article
Quand Françoise-Athénaïs de Mortemart, marquise de Montespan, devint la maîtresse de Louis XIV, Madame Scarron vivait retirée dans sa petite maison de la rue des Tournelles. Tout en consacrant de plus en plus sa vie à la retraite et à la piété, elle gardait le contact avec le monde et avec la cour. Les deux femmes avaient fait connaissance chez le Maréchal d’Albret : « elles se plurent naturellement et se trouvèrent l’une et l’autre autant d’esprit qu’elles en avaient en effet ».
Madame de Montespan donna le jour à une fille en 1669, puis le 30 mars 1670 à un fils qui fut le duc du Maine. Au début, l’on tint l’existence de ces enfants extrêmement secrète. Ils furent placés chacun séparément avec une nourrice dans une petite maison hors de Paris. Il fallait trouver quelqu’un capable d’élever des enfants (royaux) que leur mère ne pouvait élever elle-même, tâche pour laquelle elle n’eut d’ailleurs jamais de goût. Françoise de Montespan appréciait les qualités de Françoise Scarron. Elle savait que la veuve était discrète, active, dévouée, et dans une situation indépendante. On approcha donc Madame Scarron mais en termes mystérieux. Aussi hésita-t-elle. Elle ne tenait pas à élever les enfants illégitimes de Madame de Montespan, d’autant plus qu’on laissait courir le bruit que c’était Lauzun, le confident du roi, qui en était le père. Elle répondit donc, six jours avant la naissance du duc du Maine : « Si les enfants sont au roi, je le veux bien [...] il faut que le roi me l’ordonne », et obtint ce qu’elle souhaitait. De cette manière elle se mettait au service du roi, et non à celui de la maîtresse.