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Bons nobles, mauvais nobles, nobles marchands ?

Guido Castelnuovo

Castelnuovo, Guido, "Bons nobles, mauvais nobles, nobles marchands ?", Cahiers de Recherches Médiévales et Humanistes, 13 | 2006, 85-103.

Extrait de l’article

Bien que d’origine lombarde, et donc barbare, au milieu du XIIe siècle les habitants de la Lombardie "conservent l’élégance de la langue ainsi que l’urbanité propres aux mœurs d’ascendance romaine. […] Nous savons que, parmi eux, se trouvent trois ordres, celui des capitanei, celui des vavasseurs, celui du peuple ; pour éviter toute arrogance et réprimer tout orgueil, leurs consuls sont élus et choisis non pas au sein d’un seul ordre, mais bien dans tous les trois ; en outre, pour éviter que ne se déchaîne une quelconque soif de domination et pour que l’on ne s’abandonne point aux tentations du pouvoir, ces consuls sont remplacés chaque année. Presque toute la terre est partagée entre ses cités ; chaque ville contraint les habitants du territoire à demeurer avec elle, et nous trouverions bien difficilement un seul noble ou puissant suffisamment ambitieux pour ne pas obéir aux ordres de sa cité. Les Lombards ont plutôt l’habitude de qualifier tout territoire soumis à leur autorité de contado de la ville. De plus, et en sorte qu’ils ne manquent pas de moyens pour contrôler et réprimer leurs voisins, ces Lombards ne dédaignent pas d’élever à la dignité chevaleresque ou aux plus hautes fonctions publiques des jeunes de condition inférieure tout comme d’autres artisans qui exercent des arts mécaniques, à savoir justement ceux que les autres peuples éloignent comme la peste des activités les plus nobles et les plus honnêtes. Voilà comment les Lombards devancent toutes les autres villes du monde en richesse et en puissance […] tout en étant aidés, en cela, […] par l’absence de leurs princes qui résident d’habitude Outremonts".

Voilà ce qu’écrit, en 1157, Otton de Freising, l’oncle de Frédéric Barberousse. L’évêque allemand, l’homme politique et le chroniqueur impérial reconstitue de façon rhétorique les impressions que la cour des Hohenstaufen associait à la première descente italienne du nouveau roi de Germanie, en 1154. Or ce passage célèbre ne constitue pas seulement une remarquable exposition littéraire de l’éloignement radical ou du moins de la surprenante distance qui sépare, au XIIe siècle, chaque seigneur d’Outremonts de tout civis communal ; il se fait l’écho précoce, précis et prestigieux de bien des différences, et de certaines affinités, qui subsisteront tout au long du bas Moyen Âge entre les noblesses italiennes de matrice communale et les aristocraties princières et royales, de France, de Sicile ou d’ailleurs.

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