’Comment Dieux a confermée noblesce’
Thierry Lassabatère
Lassabatère, Thierry, « ’Comment Dieux a confermée noblesce’ », Cahiers de Recherches Médiévales et Humanistes, 13 | 2006, 53-68.
Extrait de l’article
Mais dignement fut chevaliers
Esleuz pour le roy premiers,
Car il fut en mil hommes pris
Le milleur ; et pour ce ay je apris
Qu’en latin s’appelle miles.
Du divin droit estoient fès,
Et ceste confirmacion
Descendoit par succession
En la seignourie mondaine ;
La science orent toute plainne,
Par eulx mesmes se conseilloient,
Et les loix aux peuples bailloient,
Et vesquirent es grans estas
Tant comme ilz trindrent ces trois cas :
Chevalerie, sens, vaillance.
Cette longue tirade du Miroir de mariage (v. 8261-8275) d’Eustache Deschamps renferme en substance une conception d’ensemble de la noblesse : de son origine, explicitement rapportée aux temps bibliques des chefs de mille d’Israël et de l’élection de Saül, selon le récit du Premier livre de Samuel ; de son lien naturel ou fonctionnel au roi ; de l’essence de son pouvoir, que le poète semble considérer de « divin droit » (v. 8266) et descendant « par succession » (v. 8268) ; enfin des valeurs qui la constituent, résumées dans l’association du vers 8275 : « Chevalerie, sens, vaillance ».