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Dagmar Eichberger, Anne-Marie Legaré, Wim Hüsken (dir.) : Women at the Burgundian Court: Presence and Influence / Femmes à la Cour de Bourgogne: Présence et Influence

Christiane Coester

Comment citer cette publication :
Christiane Coester, "Dagmar Eichberger, Anne-Marie Legaré, Wim Hüsken (dir.): Women at the Burgundian Court: Presence and Influence / Femmes à la Cour de Bourgogne: Présence et Influence", compte rendu, Paris, Cour de France.fr, 2011 (https://cour-de-france.fr/article2124.html). Compte rendu publié en ligne le 1er novembre 2011.

Dagmar Eichberger, Anne-Marie Legaré, Wim Hüsken (dir.): Women at the Burgundian Court: Presence and Influence. Femmes à la Cour de Bourgogne: Présence et Influence, Turnhout, Brepols, 2010 (Burgundica XVII), ISBN 978-2-503-52288-3, 65 €.

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Cet ouvrage rassemble les actes d’un colloque qui s’est tenu en 2005 à Malines (Belgique), à l’occasion de l’exposition « Women of Distinction. Margaret of York and Margaret of Austria ». Comme le rappellent dans un court avant-propos les organisatrices, Dagmar Eichberger et Anne-Marie Legaré, le colloque avait pour but d’étudier la présence et l’influence des femmes à la cour de Bourgogne et d’approfondir « the gender-specific role of women in the context of the Burgundian court ».

Les différents aspects de l’histoire des femmes à la cour de Bourgogne sont étudiés à travers onze contributions, et 140 pages de texte. L’effort d’une présentation bilingue français-anglais est louable, mais il faut noter que seuls trois articles sur onze sont effectivement écrits en anglais. Signalons aussi la qualité du papier et la richesse des illustrations : le livre est imprimé sur papier glacé et compte 26 illustrations en couleur et de nombreuses autres en noir et blanc.

Les articles sont regroupés en quatre parties. La plupart des textes sont bien construits et témoignent d’une grande maîtrise des sources étudiées. L’introduction se limite à une courte présentation des contributions et ne développe pas de problématique d’ensemble. Le concept de « gender » semble être employé uniquement pour signaler qu’il s’agit d’un livre qui traite des femmes.

C’est ainsi aux deux articles de la première partie du livre, intitulée « Setting the Stage », qu’échoit la tâche de fournir une entrée en matière. Bertrand Schnerb présente un bilan rapide des trois grands courants qui ont marqué la recherche sur les femmes à la cour de Bourgogne : les textes biographiques concernant les princesses bourguignonnes, les textes relatifs à l’histoire culturelle, intellectuelle et artistique, et enfin les études consacrées à la place des femmes à la cour de Bourgogne. L’auteur montre que l’intérêt pour les femmes dans la recherche sur la Bourgogne n’est pas nouveau, mais que le thème n’a jamais été traité de manière systématique. Il présente ensuite quelques questions et interrogations relatives aux femmes de la cour et signale l’existence de plusieurs lacunes dans la recherche.

L’article de Thérèse de Hemptinne se présente lui aussi comme une introduction à la thématique. L’auteur donne une vue d’ensemble des femmes qui ont résidé à la cour de Bourgogne et des relations qu’elles entretenaient avec les hommes. Elle souligne l’exemplarité de la cour de Malines qu’elle considère comme un « laboratoire du genre » et propose une définition des termes de « présence » et d’« influence ».

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Les articles suivants sont organisés par ordre chronologique : la deuxième partie de l’ouvrage porte sur les femmes à la cour de Bourgogne au XVe siècle, la troisième sur Marguerite d’Autriche (1480-1530) et la quatrième sur la « Next Generation » (1500-1550).

La deuxième partie commence par une étude de la correspondance (maintenant éditée) d’Isabelle de Portugal, présentée par Monique Sommé, qui en donne une description détaillée et montre en quoi ces lettres reflètent le pouvoir, l’influence et aussi la personnalité de la duchesse. Wim Hüsken s’intéresse ensuite aux entrées royales dans les Flandres du XIVe au XVIe siècle, qui ne traitent guère de figures féminines, à l’exception de Marguerite de York. Anne-Marie Legaré étudie celle de Jeanne de Castille à Bruxelles en 1496 du point de vue de l’histoire de l’art et présente à travers une analyse iconographique convaincante l’émergence d’un code de représentation spécifiquement féminin. Mario Damen se penche sur les relations entre Marguerite de York et les îles de Voorne qui faisaient partie de son douaire, et montre en quoi cette relation a profité aux deux parties.

La troisième partie de l’ouvrage, consacrée à Marguerite d’Autriche, s’ouvre sur l’étude d’un poème écrit par elle. En analysant les miniatures qui l’accompagnent, Catherine M. Müller présente l’intérêt poétique (plutôt que biographique) de cette œuvre. Henri Installé rapproche deux textes d’Agrippa de Nettesheim, le De nobilitate et l’oraison funèbre pour Marguerite d’Autriche, pour comparer l’image de la femme idéale à celle de la princesse idéale. Marie-Françoise Poiret attire notre attention sur une commande artistique de Marguerite d’Autriche, les vitraux de l’église de Brou consacrés à l’histoire de Suzanne, dans lesquels l’artiste fait allusion à la vie et au bon gouvernement de Marguerite.

La dernière partie, intitulée « The Next Generation », contient deux articles. Jacqueline Kerkhoff compare les « maisons » de Marie de Hongrie (1531) et de Marguerite d’Autriche, leurs fonctions et leur évolution. Dagmar Eichberger analyse ensuite un plateau de jeu de trictrac fabriqué en 1537 pour Ferdinand Ier, présenté lors de l’exposition à Malines. Même si les allusions contenues dans les reliefs méritent assurément une analyse poussée, le lien qu’elles entretiennent avec la thématique des femmes à la cour de Bourgogne demeure assez flou.

On ne peut s’empêcher de regretter l’absence d’une problématique et d’une réflexion communes qui auraient pu valoir à ce livre d’être davantage que la somme de ses parties. Mais il s’agit là d’un problème récurrent des actes de colloque, renforcé ici toutefois par une introduction succincte et l’absence d’une conclusion qui aurait permis de présenter une vue d’ensemble des acquis.

Ce point noté, on ne saurait contester la qualité des contributions contenues dans cet ouvrage et l’intérêt qu’elles présentent pour la connaissance de l’histoire des femmes à la cour de Bourgogne. La plupart des auteurs font preuve d’une excellente connaissance des sources et présentent des études approfondies et bien documentées sur le sujet, enrichissant nos connaissances sur un sujet qui présente encore bien de zones d’ombre.