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Du péché contre-nature au goût antiphysique. Une nouvelle manière de vivre et d’appréhender l’homosexualité masculine en France et en Italie (1740-1815)

Hugues Cifonelli

Comparato, Guillaume, Témoignages de la vie scientifique, culturelle et mondaine du Paris des Lumières. ’Le voyage de Paris’ de Barthélémy Faujas de Saint-Fond entre 1782 et 1783, master 2, université de Grenoble 2, 2011.

Résumé du texte

Ce travail se donne pour but de comprendre comment était vécue et appréhendée l’homosexualité masculine au siècle des Lumières en France et dans les états italiens. Le mémoire insiste sur l’idée d’une transition au cours du siècle entre deux manières très différentes d’envisager la sodomie et les infâmes.
Un tel travail s’attache d’abord à définir le regard. Regard extérieur qui est en premier lieu celui de la norme. Une norme triple, puisqu’au XVIIIe siècle cohabitent trois "producteurs de savoir " sur l’homosexualité à savoir, le pouvoir de l’Église, les institutions juridiques et l’étude " scientifique ", nouveau venu dans le concert des normes sur la déviance sexuelle proposant un regard inédit sur les infâmes et leurs pratiques " antiphysiques ". Trois normes dissemblables ; pourtant un même regard sur la sexualité et ses " déviances " est à l’œuvre depuis le Moyen-âge et la construction théologique d’une norme sur le sexe jusqu’aux premiers ouvrages médicaux de Tissot ou de Roussel.
Cependant, ce regard extérieur sur l’homosexuel, ne saurait se résumer à une suite de discours formels produits par les institutions normatives. Derrière ces premières tendances, il faut ajouter des évolutions dans la manière de se représenter l’homosexualité masculine. Représentations dont les contemporains, dans leurs écrits, s’en font l’écho. Jusque là en partie compatible avec la masculinité l’infâme devient dès lors un homme efféminé irrémédiablement opposé à la figure mâle de l’hétérosexuel. D’un être dangereux pour l’ordre divin, il devient un danger social, opposé à la famille et potentiellement malfaisant pour la jeunesse. Au-delà des constructions intellectuelles d’un savoir sur la sodomie et les pédérastes, on décèle les réalités des pratiques homosexuelles dont la reconstitution semble beaucoup plus précaire. À la norme et aux représentations, c’est-à-dire aux jugements dans lesquels on enferme l’infâme, font pendant les pratiques culturelles entourant l’homosexualité. Celles-ci sont à la fois le mode de vie au quotidien des homosexuels à travers des pratiques sociales dont ils sont les instigateurs mais aussi la mise en application de la norme par le contrôle social de l’entourage et la répression des services policiers.

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