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Entre la cour et l’école : les étudiants au service de l’État en France à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVe siècle)

Nathalie Gorochov

Gorochov, Nathalie, "Entre la cour et l’école : les étudiants au service de l’État en France à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVe siècle)", dans Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, 29e congrès, Pau, 1998, Les serviteurs de l’Etat au Moyen Âge, p. 249-256.

Extrait de l’article

Depuis quelque temps déjà, on sait, par les travaux de Bernard Guenée, que des clercs, grâce à leur naissance, mais aussi grâce à leur ambition, leur savoir et leur talent, ont en France, à la fin du Moyen Âge, poursuivi une carrière « entre l’Église et l’État ». Peut-être a-t-on moins souvent souligné que certains de ces clercs et d’autres étaient entrés au service des princes avant même la fin de leurs études universitaires, et qu’ils avaient donc été des clercs « entre la cour et l’école » avant de devenir, parfois, des prélats « entre l’Église et l’État ». La documentation de la fin du Moyen Âge - notamment les suppliques adressées aux papes d’Avignon, de Clément VI (1342-1352) à Benoît XIII (1394-1409), et conservées aux Archives du Vatican - garde en effet la trace de clercs requérants qui se présentent comme des étudiants (actu studentes) mais aussi comme des serviteurs de l’État, ou du moins des serviteurs des princes. Pour la cinquantaine de personnages ainsi repérés entre 1342 et 1410 environ, temps des études et carrière ne sont donc pas consécutifs mais confondus au moins quelques années. Ce chiffre peut paraître dérisoire par rapport aux centaines de serviteurs du roi, du pape et des princes en France qui ont été actifs dans la seconde moitié du XIVe siècle. C’est que cette liste d’environ cinquante noms est loin d’être close. À vrai dire, il est assez difficile de traquer ces clercs au double statut d’étudiant et de serviteur du prince car ils apparaissent dans les sources tantôt sous l’une tantôt sous l’autre désignation : dans les archives universitaires, dans les rôles de suppliques universitaires ils n’avouent pas être rétribués par un prince, et lorsqu’ils apparaissent dans les sources comptables des États, ces jeunes serviteurs ne précisent pas forcément qu’ils fréquentent de temps en temps les écoles. Ainsi les suppliques, véritables petits dossiers sur les clercs à la recherche de bénéfices ecclésiastiques, se sont avérées utiles pour repérer ces étudiants-serviteurs. Car le double aveu des études engagées et de l’intercession d’un puissant personnage peut aider à l’obtention du bénéfice. Encore n’ai-je retenu que les individus présentés à la fois comme actu studentes aux écoles et simultanément engagés au service de l’État. J’ai dû laisser de côté les centaines d’étudiants présentés dans leurs suppliques comme dilectus du roi, d’un prince, du pape ou d’un cardinal : le dilectus semble être plutôt un futur serviteur de l’État qu’un personnage rémunéré et chargé de tâches précises.

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