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Le nain, une figure dé-mesurée, dans les enluminures des manuscrits profanes des XIVe et XVe siècles en France

Pascale Tiévant

Pascale Tiévant, « Le nain, une figure dé-mesurée, dans les enluminures des manuscrits profanes des XIVe et XVe siècles en France », Médiévales 66, printemps 2014, p. 105-119

Extrait de l’article

La littérature profane des XIVe et XVe siècles présente de nombreux personnages dont l’apparence physique s’éloigne radicalement de la norme. Les monstres y côtoient des figures difformes ou hybrides. L’imaginaire invente ou revisite à loisir les figures issues de divers horizons. Les récits de l’Antiquité grecque ou ceux, fabuleux, des voyageurs de contrées lointaines et inconnues apportent en particulier toute la démesure et la disharmonie dont se nourrissent les images du Moyen Âge, dans la sculpture comme dans les marges ou les enluminures des manuscrits.

Comme en témoigne son nom, qui vient de monitus (ainsi que le souligne Isidore de Séville), le monstre (monstrum) désigne le présage d’un événement funeste : à l’instar d’autres prodiges (portenta), il fonctionne comme une sorte d’avertissement exprimé par un personnage sortant de l’ordi­naire. Il est indissociable du même coup de la notion de norme. S’oppo­sant à l’ordre naturel ou familier du monde, il témoigne d’un certain désordre ou est susceptible de le provoquer. Il demeure toutefois rela­ti­vement rare.

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