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Noblesse et pouvoir représentatif dans la théorie et dans la réalité de l’État moderne

Christina Senigaglia

Senigaglia, Christina, "Noblesse et pouvoir représentatif dans la théorie et dans la réalité de l’État moderne", dans J. Garrigues et al. (dir.), Assemblées et parlements dans le monde, du Moyen-Age à nos jours. Actes du 57e congrès de la CIHAE, Paris, 2006.

Extrait de l’article

Au commencement de l’époque moderne, la réflexion politique se concentre sur des principes qui concernent l’origine et l’établissement de l’État. D’une part, l’attention se focalise sur l’affirmation des droits individuels, qui doivent être garantis et respectés à l’intérieur de l’organisme politique ; d’autre part, il s’agit de créer les fondements de la légitimation du pouvoir et des modalités de son exercice. En tout cas, ce sont les questions concernant la souveraineté qui jouent un rôle déterminant dans la théorie, et cela peut être constaté, malgré les différences considérables dans leur perspective, aussi bien chez les théoriciens de l’état de nature (on pense à Hobbes) que chez ceux qui soutiennent la thèse de la souveraineté absolue et de la raison d’État (Bodin, Bossuet, etc.). Après une longue phase de consolidation de l’État, de sa légitimité et de son territoire, le processus d’organisation et d’articulation interne gagne progressivement l’attention des philosophes politiques. Les conflits entre le monarque et les nobles jouent un rôle très significatif, parce qu’ils contribuent d’une façon décisive à soulever la question de la représentation parlementaire et son poids d’un point de vue institutionnel. D’un côté, les nobles perdent progressivement le pouvoir qu’ils avaient obtenu pendant l’époque féodale ; d’un autre côté, ils conservent beaucoup de privilèges, de richesses et d’influence sur le territoire et sur les gens. Cela explique d’une part la tentative du roi d’affaiblir leur contrôle direct sur leur propriété, et d’autre part la pression exercée par les nobles afin d’obtenir une fonction plus importante en ce qui concerne les affaires de l’État, en consolidant leur pouvoir et leurs intérêts à l’intérieur de celui-ci. Pourtant, face à la bourgeoisie qui, au cours du temps, avance et prétend au pouvoir1, la noblesse assume la fonction d’une garantie de sûreté et de stabilité de l’État contre les révolutions et les tentatives de bouleversement de l’ordre politique : dans ce cadre complexe, on peut réfléchir d’un point de vue théorique sur le rôle politique de la noblesse et sur sa tâche institutionnelle, en proposant des solutions différentes, qu’on va ici brièvement considérer dans leurs spécificités et leur évolution.

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