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Autoportrait et emblématique princière à la fin du Moyen Âge

Laurent Hablot

Hablot, Laurent. « Autoportrait et emblématique princière à la fin du Moyen Âge », Le Moyen Age, vol. cxxii, no. 1, 2016, p. 67-81.

Extrait de l’article

Dans toutes civilisations, la vocation même de l’emblème est de représenter une personne physique ou morale au moyen d’un signe. Celui-ci produit donc une représentation par l’image de cette personne, un portrait au premier sens du terme. Comme toute société, le Moyen Âge occidental a généré différents systèmes de signes chargés de faire connaître et reconnaître les gens et les choses. Si l’on sait peu de choses de l’emblématique du haut Moyen Âge, la réorganisation sociale et religieuse du XVIIe siècle, développée en lien avec la féodalité, a contribué à la naissance d’un système tout à fait original et performant qui existe encore aujourd’hui : l’héraldique. Concentrés sur un cadre – généralement, mais pas exclusivement, en forme de bouclier –, ces signes, les armoiries, servent prioritairement à désigner un individu et s’élaborent selon un ensemble de règles, le Blason, qui en gère les formes, les couleurs, les compositions, le style et les pratiques. Ce système, très efficace mais également très contraignant, s’impose rapidement à tout l’Occident sans restriction ni de condition ni de genre. Cette généralisation n’empêche pourtant pas toute créativité dans ce domaine. Aux côtés des armoiries apparaissent bientôt d’autres signes emblématiques destinés à distinguer les personnes. Ce sont, au début du XIIIe siècle, les cimiers – décor des casques –, les supports – animaux ou objets soutenants l’écu –, les cris de guerre et bientôt, au milieu du XIVe siècle, les devises, signes librement figurés associés à une sentence, le mot, à des couleurs et des lettres. À la fin de la période, l’apparition du portrait réaliste, emblème ultime, solde en quelque sorte ces tentatives successives de désignation de l’individu.

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