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Fontenelle, auxiliaire du Régent

Alain Niderst

Niderst, Alain, "Fontenelle, auxiliaire du Régent", Cahiers Saint-Simon, n° 19, 1991. La Régence, p. 69-81.

Extrait de l’article

Tout commence avec le salon de Mme de La Sablière. Fontenelle y est introduit avant 1680. Marguerite Rambouillet, la fille de Mme de La Sablière, épouse en 1678 un conseiller du parlement de Normandie — huguenot comme elle — Guillaume Scott de La Mésangère. Elle est veuve quatre ans plus tard, et Fontenelle participe au conseil de famille qui doit régler la succession.

À la belle saison — l’automne au dix-septième siècle — il est invité à La Mésangère, le beau domaine verdoyant de la jeune veuve. C’est pour elle que La Fontaine rime Daphnis et Alcimadure, cette fable pastorale qui dénonce les méfaits de l’indifférence et exhorte les femmes trop froides à l’amour. C’est Mme de La Mésangère la parfaite Clarice, dont Fontenelle brosse le portrait. C’est pour elle qu’il compose les Entretiens sur la pluralité des mondes habités et les Pastorales.

Autour de son hôtesse se retrouve la famille de Nocé de Fontenay. Le père, Claude, âgé en 1685 de soixante-sept ans, est, nous dit-on, un « misanthrope ». Il a été chargé de l’éducation des fils de Mme de Longueville. Il vient d’être nommé sous-gouverneur, avec La Bertière, du jeune duc de Chartres, Philippe d’Orléans, le fils de Monsieur, qui atteint alors sa douzième année. Claude de Fontenay a épousé Marie Le Roy de Gomberville, la fille de l’Académicien, et elle lui a donné deux enfants, Charles et Marie-Claude. Charles courtise Marguerite de La Mésangère et l’épousera en 1690 ; Marie-Claude se mariera avec André Desson du Tort.

Peut-être ces figures se retrouvent-elles dans les Pastorales de Fontenelle. On serait tenté de reconnaître Claude de Fontenay dans le sage Timante :

« Qui, dans ses jeunes ans, enflamma tant de cœurs,
Qu’une expérience savante Rendoit en fait d’amour l’Oracle des Pasteurs »,

et Marie-Claude dans cette jeune fille :

« Vous qui, par vos treize ans à peine encor formés,
Par la simplicité compagne de votre âge,
D’un rustique hautbois vous attirez l’hommage ».

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