Guillaume Briçonnet, évêque de Meaux, et la haute administration du royaume
Robert-Henri Bautier
Bautier, Robert-Henri, "Guillaume Briçonnet, évêque de Meaux, et la haute administration du royaume", dans Journal des savants, 1987, n° 1-2, p. 79-88.
Extrait du texte
Guillaume Briçonnet est certainement une des figures essentielles dans le mouvement général des prémisses de la Réforme française. L’intérêt du personnage tient surtout au fait qu’il avait accordé sa protection directe et permanente à Lefèvre d’Étaples, l’homme qui incarne si admirablement l’esprit de la Réforme avant Calvin. On sait, en effet, que celui-ci, rompant avec la théologie de la Sorbonne, entendit recourir directement à l’Évangile et transporter dans le domaine de la Foi les méthodes de l’intelligence critique dont usaient les humanistes dans celui de l’Antiquité, et rendre accessible aux fidèles par des traductions françaises le Nouveau et l’Ancien Testament. Inséparable de ce qu’on a appelé le « groupe de Meaux », rassemblé autour de Lefèvre d’Etaples et de lui-même, Guillaume Briçonnet était loin d’être un inconnu pour les historiens de cette « Préréforme », mais il demeurait plus un nom qu’une personnalité. C’est précisément à l’étude de sa personnalité et à la recherche de tout ce qui peut éclairer son activité de pasteur que, depuis une vingtaine d’années, s’est attaché le chanoine Michel Veissière en publiant, après une cinquantaine d’articles et d’éditions de textes, un ouvrage d’ensemble sur le prélat qui doit à juste titre être considéré comme le précurseur de la Réforme française dans le cadre de l’Église catholique officielle...