Le chanoine Haranger, ami de Watteau
Jeannine Baticle
Jeannine Baticle, "Le chanoine Haranger, ami de Watteau", dans Revue de l’Art, année 1985, volume 69, numéro 69, p. 55-68.
Extrait de l’article
On parle souvent de l’abbé Carreau, curé de Nogent, qui assista Watteau lors de ses derniers moments et dont l’unique préoccupation, si on en juge par ses nombreux testaments, consistait à soulager la misère de ses concitoyens, mais jusqu’à présent, on a peu cherché à connaître la personnalité de l’abbé Haranger.
Le nom de ce chanoine apparaît cinq fois dans des sources publiées entre 1692 et 1744 date à laquelle Gersaint fait paraître sa célèbre vie du peintre. La première mention concernant ce digne abbé figure à la page 66 du tome I du « Livre commode des adresses de Paris pour 1692, d’Abraham du Pradel à la rubrique des « Fameux curieux des ouvrages magnifiques », où le nom du chanoine drôlement orthographié « Orangé » est associé à celui de l’abbé Chambrehault également chanoine du chapitre de Saint-Germain-l’Auxerrois. Du Pradel signale que le Doyen de la même église fait partie des amateurs réputés et Edouard Fournier, le commentateur de l’édition moderne du Livre commode, ajoute en note que ce doyen « avait entre autres belles peintures son portrait peint par Rigaud et aimait beaucoup aussi les antiques. C’était un d’Argenson. » II s’agissait de Louis de Voyer de Paulmy d’Argenson mort en 1693. Un autre d’Argenson frère du lieutenant de police René Marc d’Argenson, prénommé celui-là François Élie, succéda à Louis d’Argenson en 1694 ; il fut élevé ensuite à l’épiscopat. Rappelons à propos de ces illustres personnages, que Saint-Germain-l’Auxerrois, étant église collégiale et royale, bénéficiait des faveurs de la Cour toute proche puisqu’elle servait de paroisse aux rois de France quand ils logeaient aux Palais du Louvre et des Tuileries, de sorte que le chapitre jouait alors un rôle important.