Les lettres inédites de Charles Genest à Mlle de Scudéry
Philippe Wolfe
Philippe Wolfe, Les lettres inédites de Charles Genest à Mlle de Scudéry, dans Revue d’histoire littéraire de la France, année 78 (1978), n. 6, p. 1006-1021.
Extrait de l’article
Sur l’abbé Charles Genest, principal correspondant de Mlle de Scudéry à Versailles, nous né possédons qu’une source de renseignements biographiques : une lettre de l’abbé d’Olivet au Président Bouhier insérée dans les Mélanges historiques et philosophiques de Michault. Garçon d’écurie devenu poète, Genest s’attache à la suite du duc de Nevers, et publie ses premiers poèmes, Poésies à la gloire du roi, en 1674. Déjà à cette époque il est ami de Pellisson. Il se fait prêtre sur les instances du confesseur du roi, le Père Ferrier. La mort prématurée de celui-ci prive Genest de son pro- tecteur ; il prend le parti d’aller passer deux ou trois ans à Rome, où le duc de Nevers (neveu de Mazarin) avait de grands biens. Genest revient en France en 1680 grâce à Pellisson, qui le prend chez lui et cherche à le placer. Bossuet lui enseigne la dialectique, Rohault la physique. Il entre en relations avec Mme de Montespan grâce à la soeur de celle-ci, Mme de Thianges, belle-mère du duc de Nevers. En 1684, il obtient la charge de précepteur de Mlle de Blois, fille de Mme de Montespan et du roi, et future femme du régent. Privé de son poste de précepteur par le mariage de son élève en 1692, il devient un des poètes du groupe de Sceaux ; pour cette société il écrit des comédies, des ballets, et publie en 1712 le recueil des Divertissements de Sceaux. Sa poésie didactique lui réussit moins. Il publie en 1716 De la philosophie de Descartes, ce qui lui vaut une mention de Voltaire dans le « Catalogue des écrivains français » du Siècle de Louis XIV : « Son laborieux ouvrage De la philosophie de Descartes, en rimes plutôt qu’en vers, signala plus sa patience que son génie ; et il n’eut guère rien de commun avec Lucrèce que de versifier une philosophie erronée presque en tout ».