Les Mémoires de Nicolas Goulas (1626-1651) une source historique incontournable
Jean-Marie Constant
Constant, Jean-Marie. Les Mémoires de Nicolas Goulas (1626-1651) une source historique incontournable, Cahiers Saint-Simon, n° 40, 2012. Les Mémoires de la bibliothèque du duc de Saint-Simon, p. 37-50.
Extrait de l’article
Les études concernant la période historique vécue par Nicolas Goulas connaissent depuis une vingtaine d’années un certain renouvellement, qui remet en cause le corpus historique, qui s’était peu à peu constitué. Ce mouvement était porté par un courant national. La défaite de 1870, le désir de revanche marquent tellement les esprits, que la politique de Richelieu et Mazarin, qui a entraîné la défaite des Habsbourg et permis la prépondérance française en Europe, devient une sorte de modèle idéal pour l’éducation des jeunes Français. Le grand mouvement de laïcisation des siècles passés a contribué à marginaliser des faits historiques importants comme la Ligue, la réforme catholique, la force du courant. Ces interprétations sont la suite logique d’une évolution née beaucoup plus tôt, pendant les guerres de religion. Le parti « des politiques », soutien déterminé d’Henri IV contre la Ligue a permis sa victoire. Il est à l’origine d’une tendance nouvelle, qui va perdurer, la mise en avant du sentiment national, le rôle de l’État devant l’emporter sur celui de la religion, au nom de l’unité de la nation, personnifiée par le souverain. Le développement du gallicanisme, qui se manifeste dans les pamphlets, les livres et qui triomphe lors des Etats généraux de 1614, en est une des expressions la plus visible. Les historiens ont appelé «monarchie absolue », ou «construction de l’Etat moderne » le phénomène de centralisation qui l’accompagne. En privilégiant un corpus de textes, la glorification de l’action de Richelieu et de Mazarin se met en place. Une France mythique, forte et victorieuse, se fabrique peu à peu, au fil des siècles.