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Les Mémoires des faits d’armes de Geoffroy de Vivant

Marguerite Soulié

Soulié, Marguerite, "Les Mémoires des faits d’armes de Geoffroy de Vivant", dans Bulletin de l’Association d’étude sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, n° 10, 1979, p. 18-23.

Extrait de l’article

Je voudrais présenter une pièce manuscrite que j’ai trouvée dans les dossiers d ’Agrippa d’Aubigné conservés à la B.P.U. de Genève ; il s’agit de la pièce n° 5 du dossier 143 des Archives Tronchin. Elle compte 25 feuillets d’un format in folio, c’est une copie des Mémoires véritables que le Sr de Vivant ha recuites des faits d’armes de Sr Geoffroy de Vivant son Père puis l’an 1569 [jusques] en l’an 1592. Le côté droit recto, et gauche verso a été rongé sur 2 à 3 cm de large et 8 cm de long ce qui gêne parfois la lecture des pages recto. Ce n’est pas une pièce unique, une autre copie (que je n’ai pas encore vue) se trouve dans le fonds Perigord des Manuscrits de la B. N. et ce qui est donné pour l’original a servi de base à la publication de ces papiers que Monsieur Magen a faite à Agen, en 1887, à la demande et avec l’aide des descendants de la famille de Vivant. Pour mener cette recherche à son terme, il sera nécessaire de comparer la publication imprimée et la copie des Archives Tronchin en vérifiant si celle-là est la même que le Manuscrit de la B. N. ; il faudrait également examiner le manuscrit que M. Magen a publié, et se demander s’il représente les Mémoires authentiques du seul Geoffroy de Vivant. Je n’ai pas encore eu le temps de procéder à ces recherches et vérifications et je puis seulement esquisser une comparaison sur deux ou trois points entre l’ouvrage imprimé et la copie de Genève et surtout, ce qui correspond à nos entretiens examiner dans quelle mesure A. d’Aubigné a utilisé ce document dans la rédaction de l’Histoire Universelle : enfin, même si cette enquête n’offre que des résultats assez maigres, cette copie manuscrite présente pour l’historien des mentalités un intérêt certain : c’est un témoignage direct, sans aucun apprêt littéraire, sur la guerilla qui eut pour théâtre la région comprise entre Gourdon et Cahors à l’Ouest, Marmande, Tonneins, Castel- jaloux à l’Est, Bergerac et Sarlat au Nord avec une pointe allant jusqu’à Périgueux enfin Cas- telsarrasin au Sud. Cette série de sièges, de coups de mains, d’affrontements incessants pour la prise ou la défense d’un château, d’un bourg, d’un point d’appui sur la Garonne nous montre la réalité des guerres civiles à hauteur d’homme, l’étroit compagnonnage des capitaines réformés et de leurs chefs, La Noue, Henri de Navarre ; enfin ce témoignage nous permet d’entrevoir un certain reclassement social en même temps qu’une renaissance de l’esprit féodal que cette vie toute militaire, où l’initiative de chacun paraît, au début au moins, assez large, favorisait. Mais ici je m’en remettrai au jugement des historiens compétents.

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