Les scrupules de Richelieu
Françoise Hildesheimer
Hildesheimer, Françoise, "Les scrupules de Richelieu", dans Journal des savants, 2000, n° 1, p. 99-122.
Extrait du texte
C’est sur l’évocation de l’instant particulièrement solennel et critique de la mort que Richelieu a choisi de conclure pour le roi son Testament politique, non pas, comme on aurait pu s’y attendre, celle de Louis XIII, mais la sienne :
« Un des plus grands roys de nos voisins ’, reconnoissant ceste vérité en mourant, s’escria qu’il ne craignoit pas tant les péchez de Philippes qu’il appréhendoit ceux du roy. Sa pensée estoit vrayment pieuse, mais il eust esté bien plus utile à ses sujets et à luy-mesme qu’il l’eust eue devant les yeux au fort de sa grandeur et de son administration que, lorsqu’en connoissant l’importance, il ne pouvoit plus en tirer le fruit nécessaire à sa conduite, bien qu’il le pust recevoir pour son salut.
Je supplie V. M. de penser à cette heure à ce que ce grand prince ne pensa peut-estre qu’à l’heure de sa mort et, pour l’y convier par exemple autant que par raison, je luy promets qu’il ne sera jour de ma vie que je ne tâche de me mettre en l’esprit ce que j’y devrois avoir à l’heure de ma mort sur le sujet des affaires publiques dont il luy plaît se décharger sur moy. »
La mort du Cardinal et sa comparution devant Dieu ont été décrites par ses détracteurs bien informés comme un moment de vérité.