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Sully / Richelieu. Deux mythes en parallèle

Laurent Avezou

AVEZOU Laurent, « Sully / Richelieu. Deux mythes en parallèle », Hypothèses, 2001/1 (4), p. 41-48.

Extrait de l’article

Le problème de la fortune légendaire d’un personnage historique se situe à la conjonction de plusieurs domaines de recherche. Que l’histoire de la culture ait beaucoup à y gagner, c’est l’évidence première. Mais l’histoire sociale ne peut être indifférente aux représentations sociologiques que propose le mythe : une pareille étude peut donner une vision transversale d’une société, à travers le prisme plus ou moins déformant d’un modèle de référence appréhendé de façon diachronique. L’histoire politique, enfin, entre en ligne de compte dans l’étude de ce dédoublement des sociétés civiles que constitue, entre autres, le mythe. L’analyse des discours, images et symboles suscités, au fil des siècles, autour d’une seule et même figure historique permet de mesurer l’ampleur du travail de recomposition de la postérité.

Depuis les travaux pionniers de Christian Amalvi sur le panthéon scolaire de la IIIe République, l’intérêt des chercheurs pour ce type de questionnement s’est surtout manifesté à travers des études d’individualités, menées sur la longue durée. Mais la mise en perspective de deux figures mythiques, qui va être tentée ici, peut apporter un surcroît d’information, dans la mesure où elle permet d’éprouver la validité d’une démarche, sa transposition d’un cas de figure sur l’autre. En revanche, pour que la comparaison soit légitime, les deux termes ne doivent pas en être trop disparates. Entre Sully et Richelieu, elle est tolérable. La proximité temporelle de ces deux figures, hissées toutes deux au statut de grands hommes patentés, le recoupement fréquent des sources – dans le domaine proprement historiographique, en particulier – rendent d’autant plus éclairantes, en contrepoint, les distorsions qui les singularisent et qui permettent d’entrevoir comment se constitue un mythe historique.

Cette dernière notion ne va pas de soi et mérite un rapide examen avant de s’attarder sur les problèmes de méthode et de traitement des sources qu’elle pose à l’historien, puis de tirer les enseignements de la comparaison établie entre les cas Sully et Richelieu.

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