Les aspects matériels de la taxis byzantine
Marie-France Auzépy
Marie‑France Auzépy, « Les aspects matériels de la taxis byzantine », dans Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, Objets et insignes du Pouvoir, 2005, [En ligne], mis en ligne le 16 juin 2008. URL : http://crcv.revues.org/index2253.html.
Extrait de l’article
La taxis grecque – correspondant exact de l’ordo latin – est un aspect essentiel de la civilisation byzantine : elle organise cette société de manière à ce que celle-ci soit un reflet aussi exact que possible de la société céleste, décrite en particulier par Denys l’Aréopagite. La taxis est donc à la fois précise et contraignante et nous a été transmise dans des livres décrivant le protocole : le De Cerimoniis au Xe siècle, le Traité du pseudo-Kodinos au XIVe siècle. Au cours de cérémonies où tous les aspects matériels – l’habit, la couronne, le trône, les acclamations à la gloire de l’empereur, l’orgue qui les accompagne, les gestes accomplis par l’empereur comme par ceux qui l’entourent – ont un sens, l’Empire byzantin affirme ainsi son équilibre et sa qualité de peuple élu. Jusqu’en 1204, les autres nations ont jalousé la qualité que s’était octroyée l’Empire romain d’Orient : celle d’image de la cour céleste, qui est figurée dans le cérémonial. Cette jalousie a pris d’autres formes après 1453, et l’on s’intéressera aux souverains européens qui, tel Louis XIV, ont voulu faire figure d’héritiers de l’empire défunt et relever ses cérémonies.
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