La cérémonie de l’entrée à Paris au Moyen Âge
Lawrence M. Bryant
Lawrence M. Bryant, "La cérémonie de l’entrée à Paris au Moyen Âge", dans Annales, année 1986, volume 41, numéro 3, p. 513-542.
Extrait de l’article
A l’époque médiévale, l’accueil réservé par les villes aux souverains apparaît comme un usage dont les modalités et les symboles varient au gré des régions, des coutumes et des influences. Depuis l’adventus impérial de la fin de l’Antiquité, tous les rituels d’accueil des souverains cherchent à mettre en valeur cet événement, en sortant de la routine quotidienne, et à exprimer symboliquement les idéaux de la communauté. Au cours de la renaissance urbaine du XIIe siècle, on a fréquemment relaté ces réceptions de monarques ou de seigneurs. A partir du XIVe siècle, en Europe, les cérémonies publiques destinées à accueillir les princes prennent une place importante dans les rituels et ne cessent de se développer. En France, à cette époque, le mot « entrée » commence à désigner un rituel aussi bien qu’une action, et des cérémonies de ce type se déroulent fréquemment jusqu’au XVIIe siècle ; elles perdent alors leur éclat et oublient l’héritage symbolique et rhétorique du Moyen Age. A l’époque médiévale, elles servent de support à la créativité et à l’expression de la communauté urbaine ; des innovations surgissent à chaque nouvelle cérémonie. Au XVIIe siècle, l’entrée, spectacle grandiose et formaliste, dépersonnalise les rituels et pétrifie les cérémonials. Elle véhicule l’idéologie absolutiste et s’inscrit dans un cercle clos d’officiants qui acceptent la signification cachée derrière les rites mais négligent, par commodité, d’en assumer la tradition juridique et historique.