Des fêtes de Louis XIV au baroque allemand
Jacques Vanuxem
Jacques Vanuxem, "Des fêtes de Louis XIV au baroque allemand", dans Cahiers de l’AIEF, année 1957, n° 1, p. 91-102.
Extrait de l’article
Dans ses « Mémoires pour l’année 1662 », Louis XIV a tenu à justifer lui-même l’importance des fêtes publiques, pour le gouvernement des peuples, à propos du fameux carrousel qui eut lieu au début de l’été. Après avoir loué « l’heureux effet des plaisirs honnêtes qui délassent du travail, fournissent de nouvelles forces pour s’y appliquer, servent à la santé, inspirent l’humanité, polissent l’esprit et adoucissement les mœurs », le roi ajoutait : « Un prince et un roi de France peut encore considérer quelque chose de plus dans ces divertissements publics qui ne sont pas tant les nôtres que ceux de notre cour et de tous nos peuples... S’il y a quelque caractère singulier dans cette monarchie, c’est l’accès libre et facile des sujets au prince... Les peuples... se plaisent au spectacle, où au fond on a toujours pour but de leur plaire, ils sont ravis de voir que nous aimons ce qu’ils aiment... Par là nous tenons leur esprit et leur cœur, quelquefois plus fortement peut-être que par les récompenses et les bienfaits ; et à l’égard des étrangers, dans un Etat qu’ils voient florissant d’ailleurs et bien réglé, ce que se consume en ces dépenses qui peuvent passer pour superflues, fait sur eux une impression très avantageuse de magnificence, de puissance, de richesse et de grandeur... »
On voit nettement par ces lignes le but du roi dans sa politique de fête : plaire à ses sujets, et les rapprocher de sa personne d’une part, en imposer à l’étranger d’autre part.