Des hourds aux lices : la place des »dames« dans les enluminures des tournois et Pas d’armes aux XIVe et XVe siècles
Audrey Pennel
Pennel, Audrey, « Des hourds aux lices : la place des »dames« dans les enluminures des tournois et Pas d’armes aux XIVe et XVe siècles », Francia 46 (2019), p. 431-442.
Extrait de l’article
À la fin du Moyen Âge, la pratique des jeux d’armes devient, auprès de l’aristocratie combat-tante, une forme de divertissement chevaleresque. Parmi ces usages, le tournoi voit ses motivations évoluer dès le XIIIe siècle. Il ne s’agit plus seulement d’un rite de passage vers l’âge adulte ou d’un moyen de démontrer sa puissance de sa lignée. Le tournoi permet désormais au com-battant de démontrer sa valeur militaire et de faire montre de vertus courtoises envers une dame aimée. L’inspiration pour la littérature en langue vulgaire, et notamment celle traitant de la »matière de Bretagne« favorise cette mutation. Le roman arthurien met, en effet, en scène un type nouveau de héros, le »chevalier errant« qui, au nom d’un idéal d’amour et d’aventures, ne cesse de se surpasser. Lancelot incarne d’ailleurs ce chevalier modèle rassemblant vertus guerrières et valeurs courtoises au sein d’un imaginaire profane et moralement ambigu1. La noblesse lettrée va alors assimiler à la pratique des jeux d’armes cet idéal de perfection. Au XIVe siècle, la culture chevaleresque accroît cette volonté par le développement des ordres de chevalerie voués à l’honneur des dames.