La galerie des Glaces. Les réceptions d’ambassadeurs
Stéphane Castelluccio
Castelluccio, Stéphane. La galerie des Glaces. Les réceptions d’ambassadeurs, Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles, n° 9, 2006, p. 24-52.
Extrait de l’article
La Galerie des Glaces apparut comme l’espace privilégié pour les réceptions d’ambassadeurs, une des cérémonies les plus susceptibles d’exposer le faste du souverain et la puissance du royaume. Malgré cela, celles-ci restèrent exceptionnelles. Pendant les trente-trois ans de la vie de la Cour à Versailles, de 1682 à 1715, Louis XIV ne donna que trois audiences dans la Galerie : au doge de Gênes en 1685, aux envoyés du roi de Siam en 1686 et à celui du shah de Perse en 1715. Louis XV y reçut uniquement l’ambassadeur du grand seigneur turc en 1742 tandis que Louis XVI accueillit les ambassadeurs de Tipoo Saïb dans le Salon d’Hercule. Différentes raisons expliquent la rareté de telles cérémonies. Tout d’abord, leur coût : une audience demandait la construction d’une estrade de menuiserie pour y placer le trône, la mise en place de banquettes clouées au sol pour contenir les spectateurs, et la construction de gradins pour asseoir ces derniers. Ensuite, des raisons pratiques : de tels aménagements dans la Galerie gênaient la vie de la Cour dans ses activités quotidiennes. Enfin, et surtout, les souverains réservaient de telles audiences aux ambassades extraordinaires à l’important contenu politique et symbolique, et auxquelles ils souhaitaient donner un éclat et un retentissement particulier. La rareté des réceptions dans la Galerie en augmentait le caractère exceptionnel, donc leur impact. De plus, l’Étiquette de la Cour de France prévoyait un accueil différent selon le pays d’origine de l’envoyé.