Réception offerte le 6 septembre 1656 à Essonnes à la reine Christine de Suède
M.-F. Christout
M.-F. Christout, "Réception offerte le 6 septembre 1656 à Essonnes à la reine Christine de Suède", dans Cahiers de l’AIEF, 1957, n° 1, p. 22-43.
Extrait de l’article
Voici trois cents ans, le 6 septembre 1656, le Sieur Hesselin accueillait dans sa belle demeure de Chantemesle, près d’Essonnes, la reine Christine de Suède, et lui offrait, sur l’ordre du roi, le divertissement d’une fête nocturne aussi rare que galante, dont les annales du temps louèrent les fastes trop oubliés depuis. Dans quel climat social, politique et artistique, celle-ci se déroula-t-elle ? quelles circonstances la suscitèrent ?
Pacifiée, la France s’efforce d’oublier les désordres de la Fronde. Sous la direction vigilante de Mazarin, le jeune pouvoir royal s’affirme de jour en jour. Comme il sied à son âge, à son rang, à ses goûts enfin et à ceux de sa cour, Louis XIV se plaît à multiplier spectacles, bals et collations (1). Déjà l’on peut pressentir alentour les artistes qui vont former l’esthétique du Grand Siècle, les amateurs de qualité qui la diffuseront. Tandis que l’Italie apparaît divisée, que l’Espagne commence à se replier sur elle-même, que l’Angleterre enfin s’épuise en luttes fratricides, la France unifiée est prête à assumer la suprématie diplomatique, voire culturelle. Quelle meilleure démonstration trouverait-elle que de recevoir triomphalement une invitée telle que Christine de Suède ?